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Restez chez vous

    Nantes illustrée, Print,
2020

Tout a commencé du côté de l’Italie, du moins c’est ce qu’on lit au pays. Début mars. Les premiers en Europe centrale. Touchée à distance par l’épisode, le coeur serré au loin puis de près par les médias, l’actualité, le corona, le covid 19, le virus 2020 venait de frapper à la porte du français. Le vivre pour le croire. Fiction ? Malédiction ? Du mal à dire, à décrire ce que notre monde allait découvrir. Instant figé. Espace-temps arrêté. Point d’arrêt. Silences. Sentence. 17 mars, à distance. Restez chez vous. Sans dessus dessous.

Inédit. Rien d’inné, s’adapter selon ce qu’on a appris. Prendre le temps de reconsidérer aussi ses acquis. À qui la faute ? Faute de mieux. De la patience il en faudra, de la tempérance, de la tolérance, de la résilience aussi en fonction de comment cet épisode vous affectera. Faire face, au pays des libertés. Pile ou face. Liberté conditionnée à condition de respecter les décisions. Attestation. Station assise à regarder par la fenêtre ce drôle de monde qui tourne en rond, ce monde de drôles qui tourne pas rond. Ronde d’émotions, bienvenue dans le cercle très privé des longues soirées d’introspection. Seule, à plusieurs, amour naissant ou distendu, ça serait tentant de savoir comment chacun l’a plus ou moins vécu. Confinement. Confinés. Constriction. De l’air, on se resserre. On s’en ressert dans le km à pied. Périmètre. Densité. Au quartier. Fenêtre ouverte ou fermée sur ce que le voisin, ton prochain, aura de ce qu’il y a de plus humain à observer.

Confinement. Confinés. On se sent moitié con à la fin avec ce nouveau vocabulaire un peu trop vite adopté. Stay home. Stay tuned. Restez focus. Restez chez vous. Restez présent. Rester soi. Déconnexion. Injonctions. Et moi, émois dans tout cela ? Au jour le jour. On s’alimente, on se donne le tour, en circuit court, on se réoriente. Le souffle court, course à la montre. On montre du doigt là où cela ne va pas. Mais où va-t-on ? Y’a confusion. À qui le dit-on ? Se faire entendre. Se faire comprendre. On s’adapte, se sur-adapte, sur combien de temps, ça, on ne le sait pas.

Io resto a casa.                                                                                                                                                                                             juillet 2020 

 

 

Bologne, ville d’Italie du Nord.